.Note d'intention
L'intérêt pour les textes de Gaston Couté exprimé par le public lors de nos représentations du "Semeur d'allumettes", notamment lors du festival d'Avignon en 2014, les encouragements reçus , nous ont donné l'envie d'approfondir notre recherche, d'élargir notre répertoire, et ainsi de faire résonner plus largement encore la voix trop méconnue de Gaston.
Bien des textes exclus du montage initial pour des raisons matérielles auraient pu y figurer et interpeller le public d'aujourd'hui autant que ceux que nous avons retenus.
De plus, notre "Semeur d'allumettes" était une création théâtrale, conçue pour une scène de théâtre , avec un décor, un plan de feux, une régie...et il ne pouvait guère être joué ailleurs que dans un théâtre, ce qui en limitait la portée.
Ces trois raisons nous ont conduits à envisager une autre forme, plus légère, plus transportable et transposable en des lieux le plus divers possible, mais élaborée sur la même structure, alternant textes de "La Guerre Sociale" et autres textes plus écrits. Ainsi est né "Quand le temps est à l'orage..."
Lorsque Gaston Couté disait ses textes à Montmartre, il se produisait dans les cabarets, mais aussi, et surtout après 1903, dans d'autres lieux de rencontres souvent improvisés. Nous avons voulu concevoir une forme, où le chansonnier aurait la part belle, une forme souple, à géométrie variable, une forme jouable partout: dedans, dehors, dans les bibliothèques, les cafés et tous autres lieux possibles de rencontre avec le public
Ainsi a pris corps l'idée de cette nouvelle création.
Son titre :" Quand le temps est à l'orage ......."
LE PROJET:
Cheminer aux côtés de Gaston Couté, le poète et le chansonnier.
Semer ses mots libres et pleins de vie.
Raviver sa langue d¹une poésie si singulière.
Pétrir la chair des mots des textes les plus connus de Couté avec la sève
des chansons d¹actualité de la « Guerre Sociale,
DES MORCEAUX CHOISIS:
Evidemment il a fallu faire des choix, tant les écrits sont nombreux et de qualité. Ce sont les nôtres... !! Nous voulions aussi intégrer des textes du chansonnier Couté, . Ainsi, admirateurs passionnés des écrits "habituels" de Gaston Couté, nous nous sommes intéréssés aux textes moins connus, produits, lorsqu'il était chansonnier pour "la Guerre Sociale", entre juin 1910 et juin 1911 (date de sa mort). Ce sont des textes de circonstances, à chanter sur d'autres airs connus à l'époque, alliant indignation, dérision et humour. Ils soulignent la force de l'engagement de Gaston Couté à la fin de sa vie-il meurt à 31 ans- et apportent sur ses écrits antérieurs, plus classiques, un éclairage nouveau.
Ainsi, autour de textes connus comme: Le Foin qui presse, Môssieur Imbu,, les Electeurs, , la Complainte des
ramasseux d'morts, le gars qu'a mal tourné .... s'articulent les textes du chansonnier Couté, parus dans "La Guerre Sociale" tels que: la Berceuse du dormant, Pitou lit la guerre
sociale, le tire bouchon, Premier mai ....
.... Il avait un tire bouchon
Dans la poche de son veston
on s'demande où s'arrêtera
l'audace des scélérats ....
Le tire bouchon
....... Alle avait dit "oui" songeant sans malice,
Ell'dont l'corps brûlait à l'air des bieaux jours
Qu'c'en était, des foués, coume un vrai supplice:
"Quand on a eun houme, on a d'l'amour!"
Et la v'la fourchant le treufe incarnat.....
Le foin qui presse
Un univers empreint de ruralité
C'est à partir de sa culture paysanne, à laquelle il restera fidèle jusqu'à son dernier souffle que G. Couté dira la société qui l'entoure. Alors que la 3e République stigmatise et moque les pauvres et leur patois et bien, justement Couté va en faire un outil poétique remarquable pour dire la vie des "sans voix" de l'époque et prendre le contrepied de la langue que Jules Ferry essaie d'imposer dans la société d'alors. Ce choix marque un opposition forte à l'ordre établi... La langue n'est pas un artifice , une coquetterie pour " faire joli" mais une façon de voir, de vivre et de dire le monde. C'est en cela Couté résonne encore fortement aujourd'hui en chacun d'entre nous
Gaston,l' "gars qu'a mal tourné"
Né en 1880, mort en 1911...Poète, chansonnier libertaire, farouchement indépendant, sincère et fidèle à lui-même. Pas de concessions.... Il en mourra.
La parole est aux exclus aux faibles, aux victimes de la bêtise, et de l'hypocrisie humaine dont il est un observateur sans faille. Pas de théorie, pas de parole inutile, la poésie comme unique moyen d'expression et de combat
"Une révolte qui nous parle aujourd'hui et d'aujourd'hui...un propos qui nous met en révolte et en réflexion" François Paul Robin : Gaston Couté, une poétique de la révolte
"Une langue méprisée: le patois est transmué en un verbe éclatant pour dire un monde déchiré de contradictions" E. Pillet: Gaston Couté, le dernier ds poètes maudits